Pour relier le château de St Germain en Laye au Louvre – deux résidences royales – une route directe s’impose dès le XVIIème siècle… Le Louvre se développe, le Notre dessine le jardin des Tuileries puis prolonge déjà la perspective au-delà des Tuileries en dessinant une allée qui court jusqu’à la butte de Chaillot. Ce Grand cours deviendra les Champs-Elysées, allusion au séjour des bienheureux des mythologies. Sous Louis XV, le marquis de Marigny aménage un terrain vague, créant une gigantesque place royale. En fin du XVIIIème siècle, une voie est tracée jusqu’aux premières maisons de Neuilly, puis prolongée jusqu’au sommet de la butte de Chantecoq. Un pont en pierre, le pont de Neuilly, aligné sur l’axe des Champs-Élysées, remplace le vieux pont de bois. Napoléon Ier fait ériger le Carrousel et l’Arc de triomphe. En 1854, Haussmann fait rayonner douze avenues de la place de l’Etoile.
A la fin des années 1920, Mallet-Stevens, Le Corbusier et Perret participent à un concours pour l’aménagement de la Porte Maillot. On retrouve dans les projets une idée de Léonard de Vinci, consignée dans la Charte d’Athènes. Il y est question de déployer une ville sur deux niveaux : le commoditas (les flux) est enfoui sous le voluptas – le plaisir, le contentement, le beau – dédié aux piétons et aux bâtiments. Voilà qui préfigure les principes d’aménagement du futur quartier de la Défense avec ses deux niveaux séparant piétons et voitures. En 1931, un nouveau concours sur l’aménagement de l’axe reliant l’Étoile au rond-point de la Défense restera aussi sans suite…
projet de Le Corbusier pour Paris (années 1920) qui inspira la Charte d’Athènes en 1933
Après la seconde guerre mondiale, un plan prévoit un aménagement plus homogène entre le centre et les banlieues, grâce à la délimitation d’un cercle de 35 kilomètres autour de Paris. Déclarée d’utilité publique, la voie triomphale de Paris débute désormais au rond-point de La Défense (à la gloire des soldats de 1870) pour s’étendre sur 15 kilomètres entraînant un déboisement massif et des expropriations à grande échelle.
En 1950, le projet est arrêté : un centre d’affaires sera créé à La Défense. L’idée d’une exposition universelle agite les esprits entre 1949 et 1964, mais le projet échoue. A sa place, s’élève le CNIT (Centre National des Industries et des Techniques) en 1958 ; il accueillera les grandes expositions durant une vingtaine d’années (Floralies, SICOB, Arts ménagers, salon nautique…).
rond-point de la Défense 1962 – Archives départementales des Hauts de Seine
Le cadre d’aménagement se formalise ; les limites du quartier, les types d’aménagement et de construction de ce qui deviendra le premier quartier d’affaires européen se dessinent. L’EPAD (Etablissement Public d’Aménagement de La Défense) naît en 1958, pour acquérir et libérer les sols, concevoir et réaliser des infrastructures et des équipements publics, céder des terrains aménagés ou des droits à construire, animer et promouvoir le site. Un boulevard circulaire à sens unique (1970) borde une dalle piétonne surélevée vaste comme la place de la Concorde ; l’axe est protégé par une zone non constructible de 140 mètres de large. Soixante-dix œuvres d’art en font un musée en plein air, au cœur des 3 000 entreprises, 200 000 salariés et 25 000 habitants.
source de l’illustration à la une : voony.wordpress.com/