Avec le christianisme, apparaît l’idée d’une assistance offerte à tous – amis ou ennemis, familiers ou étrangers (hôpital et hospitalité ont la même racine). L’hôpital accueille alors les pauvres, les vieillards et infirmes, les enfants abandonnés ou orphelins. Faute de savoir guérir, on prend soin de l’âme de cette population, produit des guerres, famines et épidémies. L’Église enseignait le mépris du corps, ainsi qu’un certain fatalisme.
L’Hôtel-Dieu – fondé au VIIème siècle en bord de Seine, à l’ombre de la cathédrale – sera le seul hôpital de Paris jusqu’à la Renaissance. Il est démoli à la fin du XIXème siècle, après la construction de l’Hôtel-Dieu actuel.
Au XIIème siècle, la pratique de la chirurgie, étant interdite au clergé, prend une orientation nouvelle, grâce aux précieux traités ramenés d’Orient. L’occident prend conscience de son retard dans le domaine médical, face à la civilisation byzantine (fondation de l’hospice des Quinze-Vingts par Louis IX en 1260, pour recueillir les aveugles de Paris).
Hôpital des Quinze-Vingts en 1567
Avec les croisades, les grandes épidémies apparaissent en Europe : lèpre au XII-XIIIèmes siècle, puis peste au XIVème ; les malades sont chassés ou isolés (Saint Louis est construit hors la ville, pour isoler les victimes de la peste ; Bichat accueillera les malades du choléra à la fin du XIXème).
A partir de la Renaissance, la maladie n’est plus perçue comme une fatalité, mais comme un défi que la science et la médecine peuvent désormais relever. C’est aussi l’époque où l’image du pauvre change : il devient socialement dangereux car marginal. Le Grand Bureau des Pauvres (1544), puis l’Hôpital Général (1656) deviennent des lieux de réclusion, dont l’utilité sociale consiste à faire travailler les pauvres gratuitement (la Salpétrière – 1656). La Pitié est établie dans le quartier Saint-Victor depuis 1612.
Ce n’est qu’à la fin du XVIIIème siècle que l’hôpital devient une machine à guérir, où le malade y est soigné et en ressort guéri. Les bâtiments religieux déclarés biens nationaux se transforment en hôpital : Cochin, au noviciat de Capucins ou Saint Antoine, dans l’abbaye éponyme. La Révolution consacre la nationalisation des hôpitaux ; leur gestion est transférée de l’Etat aux municipalités.
L’Assistance publique est créée en 1849 ; au début des années 1940, les hospices sont supprimés. La loi consacre juridiquement l’hôpital comme un établissement public sanitaire et social.