De cette abbaye bénédictine du VIème siècle, il ne reste que l’église, première nécropole des rois mérovingiens (aujourd’hui à Saint-Denis). Elle est détruite par les raids normands du IXème siècle, reconstruite avec de hautes murailles. L’église (XIIème siècle) est considérée comme la plus ancienne de Paris. Le XIVème siècle est marqué par plusieurs fléaux : la guerre, la peste, les désordres climatiques, la famine. Le faubourg Saint-Germain, ruiné est réduit en terres labourables.
Au milieu du XVIème siècle, le canal reliant la Seine – creusé un siècle auparavant – devient la rue des Petits Augustins (aujourd’hui Bonaparte), l’enceinte de l’abbaye est démantelée. Le faubourg Saint-Germain, rattaché à la ville, se peuple rapidement et devient un quartier riche et noble. Jusqu’au XVIIIème siècle, l’abbaye se transforme et bénéficie d’un renouveau intellectuel. En 1783, en signant le traité de Paris à l’hôtel d’York, la Grande-Bretagne reconnaît l’indépendance des États-Unis d’Amérique.
Au XIXème, l’église menace ruine. Suite à une active campagne menée par Victor Hugo, Baltard rend à l’église son aspect médiéval. Elle abrite les cendres de Descartes et Boileau.
Une des beautés de Paris, disait Cocteau, c’est qu’un quartier s’y met toujours en pointe. Après Montmartre, après Montparnasse, c’est au tour de Saint-Germain-des-Prés, dès après la guerre. Le quartier est alors le carrefour de la philosophie et du jazz, de l’esprit de sérieux et de l’humour potache. Saint Germain des Près devient un épicentre contestataire.
le Procope, plus ancien café littéraire de la capitale (1686) propose les nouvelles boissons chaudes à la mode : café et chocolat. Idéalement situé – en face de la Comédie Française – avec une entrée rue de l’Ancienne Comédie et une autre Cour du Commerce St André, tous les esprits de l’époque s’y côtoient, du XVIIème au XXème siècle (ici, Sartre, de Beauvoir et Vian).
Fondés à la fin du XIXème siècle, d’autres établissements marqueront leur temps : Lipp, antichambre de la grande politique ; le Flore et les Deux Magots fondent des prix littéraires.
Citons enfin quelques institutions implantées dans ce quartier :
- l’Institut, veillé par la statue de Condorcet, sur le quai Conti, face au pont des Arts, abrite pas moins de cinq académies.
- l’Ecole des Beaux Arts, rue Bonaparte, renferme, dans sa cour, un musée lapidaire constitué par Alexandre Lenoir.
- le restaurant La Pérouse (fin XVIIème siècle) met à disposition de ses clients des salons pour y traiter leurs affaires en toute quiétude.