Depuis le XVème siècle, le pays d’Ourcq alimente la capitale en céréales, en bois de chauffage et de construction. La région devient un lieu de villégiature pour les grands du royaume. Le futur François 1er fait capter les sources et installer la première écluse à sas à la Ferté Milon qui fonctionne toujours. Après 1560 commence la canalisation de la rivière, la construction de réservoirs, d’un système de flottage et d’écluses simples permettant d’acheminer vers Paris les produits de la forêt et le blé de la Brie.
Pierre Paul Riquet (le créateur du canal du Midi) propose d’amener par un canal navigable l’eau de l’Ourcq jusqu’à la place du Trône (actuelle place de la Nation), à Paris. Ce canal doit créer un axe d’acheminement de matériaux, mais aussi alimenter Paris en eau potable ainsi que les fossés des remparts au nord de la capitale. Mais le parcours prévoyait un débouché à 38m – point beaucoup trop bas pour distribuer l’eau par gravité à une grande partie de la ville. Le projet piétine…
Au XVIIIème siècle, la rivière est dotée d’écluses à sas en remplacement des pertuis et des bassins à portes marinières qui l’équipaient depuis l’origine. Avant la Révolution, un projet de dérivation de la Beuvronne à La Villette est présenté à l’Académie des Sciences. Cet affluent de la Marne se diviserait en deux, l’un des tronçons allant vers Saint-Denis, l’autre vers l’Arsenal…
En 1802, le vieux projet est modifié pour amener l’eau à la Villette, à 52m. La construction se fera à partir de Paris, de l’aval vers l’amont (plus de 300 prisonniers prussiens y sont affectés). En 1808, l’eau de la Beuvronne (affluent de l’Ourcq) coule à la fontaine des Innocents. Le canal de l’Ourcq est achevé en 1822, puis Saint Denis en 1821 et St Martin en 1825 (du fait de la densité de l’urbanisation).
Les canaux de l’Ourcq, Saint Denis et Saint-Martin, joints par le bassin de la Villette, forment un seul réseau, qui économise 12 kms de navigation et permet de désencombrer la Seine. Haut-lieu de l’industrie et de l’artisanat au XIXème siècle, le bassin de la Villette est en 1906 le 4ème port de marchandises français avec près de 2 MT déchargées sur ses berges.
témoignages de l’activité industrielle : l’usine Félix Potin, 66-68 rue de l’Ourcq, à la fin du XIXème siècle et la centrale électrique de Friesé, quai de Jemmapes
Paysage urbain des plus pittoresques, le canal Saint-Martin manqua de disparaître dans les années 1970 au profit d’une voie rapide.
le canal a inspiré nombre d’artistes : Sisley, à gauche (daté de 1872 alors que le pont en bois fut détruit à la Commune) et Signac, en 1933