Lors de la renaissance carolingienne, les foyers d’études reçoivent une impulsion nouvelle, alors qu’ils passent entre les mains du clergé. On trouve des écoles de monastères et quelques écoles indépendantes, consacrées à l’enseignement de la médecine ou du droit.
Paris accueille de nombreux étudiants, sous l’autorité du chancelier de Notre-Dame. Dès le XIIème siècle, l’école de la cathédrale devient trop petite ; le chancelier autorise des maîtres à ouvrir des cours libres sur la montagne Sainte-Geneviève (indépendants de toute autorité ecclésiastique ou civile). Les étudiants les suivent en masse, malgré les réclamations de l’évêque, échappant ainsi à sa tutelle. On y enseigne les arts libéraux : trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) et quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie). Les écoles monastiques cherchent à retenir les étudiants en rendant public leur enseignement, s’érigeant en rival de Notre-Dame pour la collation des grades et la surveillance des études. L’enjeu est tel que le roi se joint à ces conflits entre clergé séculier et régulier…
L’universitas magistrorum et scholarium Parisiensis (l’ensemble des maîtres et des élèves de Paris) apparaît à Paris au milieu du XIIème siècle, en complément de l’école de théologie de Notre-Dame. Le premier acte qui lui donne un statut officiel est une charte de 1200 par laquelle Philippe Auguste accorde à ses membres le for ecclésiastique (privilège d’être jugé par un tribunal ecclésiastique, qui n’applique pas la peine de mort). A la fin du siècle, les professeurs s’opposent à l’autorité épiscopale, pour acquérir davantage d’autonomie. Les luttes sont très vives et souvent sanglantes. L’Université a recours à la suspension des cours. L’Eglise cède pas à pas… En 1215, Innocent III accorde l’indépendance intellectuelle et juridique ; en 1231, Grégoire IX accorde autonomie et privilèges, ce qui met un terme à la grande grève. Nées de la fusion des écoles cathédrales, des écoles monastiques et privées, les universités deviennent des corporations pourvues de privilèges, ayant le monopole de l’enseignement supérieur et conférant des grades revêtus d’un caractère officiel. C’est le siècle des corporations ; dans toutes les villes les métiers se regroupent, organisent la défense de leurs intérêts, un monopole à leur profit.
Sceau de l’Université de Paris (1292)
Centre d’enseignement de toutes les disciplines, l’Université assure la formation des clercs pour l’administration des institutions royales et ecclésiastiques et participe au renom de la ville en tant que capitale intellectuelle. L’organisation de l’enseignement en quatre facultés — droit non ecclésiastique (le droit canon ne sera autorisé qu’en 1679), médecine (médecine, chirurgie, apothiquerie), théologie et arts libéraux — remonte à un arbitrage pontifical de 1213. Les programmes étant fixés par le Vatican, le modèle commun de formation et la maîtrise du latin facilitent les échanges. Les maîtres peuvent enseigner dans l’Europe entière, souvent suivis de leurs étudiants. Cette peregrinatio academica permit la construction européenne du savoir fondateur de l’Occident chrétien.
enseignement de la géométrie – enluminure du XIVème siècle
L’Université de Paris acquiert un grand prestige dans les domaines de la philosophie et de la théologie et devient une véritable autorité morale qui participe aux affaires politiques. Au XVème siècle, l’Université – secouée par des crises – est soumise par Charles VII, à la juridiction du parlement de Paris, ce qui suscite des émeutes estudiantines. Jusqu’au XVIIIème siècle, les réformes de modernisation de l’enseignement échouent… Le Collège royal (Collège de France) est fondé en 1530 pour donner à Paris un enseignement issu des idées de la Renaissance. Puis, au milieu du XVIème siècle, la Compagnie de Jésus vient concurrencer l’Université, avant que les guerres de Religion n’embrasent la France. Henri IV supprime ses privilèges.
l’Université disparaît en 1793, avec la suppression des corporations. Elle est remplacée par des écoles supérieures spécialisées (droit, médecine, ingénieurs et écoles normales). En 1896, l’Université de Paris est réinstituée avec quatre facultés (droit, médecine, lettres, sciences) ; en 1971, elle est divisée en treize universités indépendantes.