A la fin du XVIIIème siècle, Paris est une ville médiévale : l’absence d’égouts, les rues bruyantes et étroites, dépourvues de trottoir, le trafic et ses encombrements rendent toute promenade difficile.
Le succès des galeries du Palais Royal donne des idées… Après la Révolution, de nombreux terrains sont libérés ; en outre, les progrès sur le métal et le verre trouvent ici une application industrielle immédiate. La mode des passages se développe sur une période très courte pendant les années 1820 et les années 1840. Paris en comptera jusqu’à 150 dans les années 1850, situés sur la rive droite de la Seine, aux confins du Palais-Royal et des Grands Boulevards. Les passages apparaissent comme un havre de paix, loin de cette effervescence, et sont le décor de nombre de romans (Balzac, Flaubert, Zola, Céline…).
Ces galeries claires sont couronnées par une verrière offrant un éclairage zénithal. Raccourci pour passer d’une rue à une autre, au travers d’immeubles, le passage est bordé de boutiques, associant confort, luxe, culture et rencontres. Un passage accompli doit proposer salon de décrottage, cabinets d’aisance et bains. Ce haut lieu du commerce est bien entendu le lieu de rendez-vous des élégantes.
Dans cet espace limité, la vie sociale et culturelle se reconstitue : on y traite des affaires, on s’y cultive (salons de lecture, libraires et éditeurs mais aussi promenoirs pour les théâtres), on s’y montre et se rencontre, on y boit, on y joue et on s’y encanaille.
Ils ne résistent pas à l’apparition des grands magasins, du train et aux transformations de Paris. Les passages sont méprisés par le piéton qui redécouvre le plaisir de l’extérieur dans les parcs et les larges avenues bordées de trottoirs. Omnibus et trains facilitent les déplacements. Aujourd’hui, il reste moins d’une vingtaine de ces couloirs urbains.
Dans les années 1970, de grandes enseignes s’y installent. Sous leurs verrières lustrées ou décaties, le flâneur découvre d’anciennes échoppes, une autre ville, dérobée et charmeuse, avant que leurs grilles ne se referment pour la nuit.
de haut en bas, et de gauche à droite : passages du Bourg-l’Abbé, du Caire, Choiseul, galerie Colbert, passages du Grand Cerf, Jouffroy, des Panoramas, Vérot-Dodat et galerie Vivienne