Dès la fin du XIIème siècle, les étudiants sont logés par des fondations dotées de revenus appelées collèges – on parle de maison ou d’hostel – où les prix de location sont fixés par l’Université (la plupart des étudiants étaient boursiers). Le plus ancien collège parisien est le Collège des Dix-Huit fondé en 1180. L’appellation de cet établissement montre qu’il s’agit de petites structures, souvent privées, qui répondent à un besoin social : loger et encadrer une population de plus en plus nombreuse. Peu à peu, des répétiteurs y interviennent, puis, à partir du milieu du XIIIème siècle, les collèges deviennent des maisons d’éducation. Du XIIIème au XVème siècle, cinquante collèges furent créés dans l’Université de Paris : ils portent les noms de leurs fondateurs (Sorbonne, Harcourt, Lemoine, Du Plessis…), des pays des étudiants (Écossais, Lombards, Irlandais…), plus rarement ceux d’une église ou d’un saint (Sainte-Barbe, dont les ressources provenaient des seules pensions payées par les élèves).
à gauche, collège Sorbonne en 1550
à droite, collège de Navarre, ancienne entrée de l’École polytechnique démolie en 1811
Le collège en tant qu’établissement d’enseignement secondaire naît au XVème siècle : la division des élèves en classes de niveaux avec un contenu pédagogique propre, la spécialisation des professeurs et l’apprentissage des humanités (latin, grec, voire hébreu). Cette forme d’enseignement prend sa forme quasi-définitive au XVIème siècle avec les Jésuites. Il s’impose en tant qu’établissement de transition entre les petites écoles et l’Université, mais ne peut distribuer les grades.
Le collège du XVIIème siècle forme le parfait honnête homme. En 1719, la gratuité des études pour les externes, instaurée par Mazarin au collège des Quatre-Nations, est étendue à tous les collèges. Au début du XVIIIème siècle, les effectifs des établissements secondaires chutent. Dans un siècle de déchristianisation, l’enseignement ne correspond plus à l’air du temps. Des voix réclament le renforcement des cours de français, d’histoire, de géographie et de sciences naturelles. Les élites (notamment les marchands) reprochent aux collèges de manquer de pragmatisme, de ne pas préparer les adolescents à la vie adulte. Suivant l’exemple des écoles militaires, les plus grands collèges accordent une place aux langues vivantes, à la géographie et aux sciences.
Les collèges sont supprimés en 1795 et remplacés par des écoles centrales. L’instruction devient publique. Les lycées se substituent à leur tour aux écoles centrales en 1802. La numérotation des classes (6ème à Terminale) est directement héritée des jésuites.
Au XIXème siècle, le terme collège désigne un lycée fondé par une municipalité. Dans les années 1960, il est à nouveau employé dans une acception spécifique.
La Sorbonne
La fondation de Robert de Sorbon (milieu du XIIIème siècle) a des préoccupations à la fois religieuses et intellectuelles. Le chapelain de Louis IX réserve son collège à des séculiers, des étudiants en théologie au nombre d’une vingtaine et qui sont soumis à une discipline bien définie. Les statuts imposent les repas en commun, une assistance journalière aux offices et une règle de vie austère. Le collège accueille Richelieu qui, après en avoir été le proviseur, le fait reconstruire et transfère le siège de l’Université de Louis le Grand à la Sorbonne. Le nouveau collège double sa surface et se voit doté d’une chapelle – seul édifice qui nous reste de cette époque – destinée à recevoir le tombeau du cardinal.
Fin XIXème siècle, on démolit les anciens bâtiments, chapelle exceptée, pour reconstruire un nouvel édifice, véritable palais des sciences et des lettres. L’ensemble des travaux n’est achevé qu’en 1901, avec laboratoires scientifiques, observatoire à télescope, amphithéâtres. En 1896, une loi regroupe les facultés de droit, lettres, médecine et sciences d’une même académie en une personne morale, l’Université. La Sorbonne – déjà siège du rectorat de Paris – devient le siège de la nouvelle université de Paris. Elle accueille l’Ecole Pratique des Hautes Études en 1868 et l’Ecole des Chartes en 1897.