Indispensable à la vie de la cité, l’eau est aussi un facteur essentiel de son développement : usages domestique et industriel, évacuation des déchets, moyen de transport, lien d’échange. Polluée par l’activité des hommes, elle transmettait également les épidémies.
Sur près de 13 kms, la Seine traverse Paris, dont les armoiries et sa devise (Fluctuat nec mergitur : il est battu par les flots, mais ne sombre pas) sont celles des anciens marchands de l’eau – les nautes.
La seule eau disponible pour les parisiens fut de tous temps l’eau de la Seine. Si les romains la considéraient déjà comme impure, elle abreuva pourtant ses riverains jusqu’à la fin du XIXème siècle.
Au IVème siècle, les romains captent les eaux des sources de Rungis et de Wissous pour les acheminer jusqu’à Paris. L’aqueduc d’Arcueil alimentait les trois thermes romains ainsi que les fontaines publiques. Il fut en grande partie détruit par les invasions normandes.
L’urbanisation se développe alors sur la rive droite. A la fin du XIIème siècle, les religieux construisent deux aqueducs pour distribuer les Sources du Nord (d’un faible débit) aux fontaines de la rive droite. La ville se densifie, ainsi que ses déchets… qui finissent en Seine. De la fin du XIIIème à la fin du XVème siècle, Paris se dota d’un système d’égouts, souvent à ciel ouvert.
Puis vient le temps des pompes hydrauliques : la Samaritaine, au Pont-Neuf (1608), puis celle du Pont Notre-Dame (1671). Marie de Médicis fait réaliser l’aqueduc de Rungis (1628), reprenant le tracé de l’aqueduc romain.
la Samaritaine, par Raguenet, en 1777
A la fin du XVIIIème siècle, les frères Perier créent une société chargée de puiser, stocker et distribuer l’eau à titre onéreux chez les particuliers. Le coût du service et les porteurs d’eau ont raison de la Compagnie, rachetée par la ville en 1788. Elle laisse deux pompes à feu (Chaillot et Gros Caillou) et deux réseaux de conduites en fonte. Autre idée : installer dans Paris des robinets pour combattre les incendies et nettoyer les rues… Le service public de l’eau était né.
Napoléon Ier décide d’amener les eaux de l’Ourcq à Paris… qui contribuent aux épidémies de choléra (18 000 victimes en 1832).
François Arago fait creuser des puits artésiens, technique qui consiste à atteindre des nappes à plus de 500 m. En 1845, Rambuteau fait construire six grands réservoirs de 10 000 m3 chacun, puis augmente le parc de pompes à feu.
colonne de décompression du puits artésien de la Butte aux Cailles
Le Second Empire va tout changer : construction d’aqueducs pour chercher à plus de 100 kms des eaux de source pures, construction de réservoirs de stockage, de deux réseaux de distribution (eau potable et non potable) et d’un réseau d’évacuation des eaux usées dont la réalisation va s’échelonner jusqu’en 1924. Le temps des porteurs d’eau et des pompes est passé. En 1884, 64 % des maisons étaient raccordées au réseau.
Belgrand, qui créa les réseaux d’alimentation et d’évacuation d’eau à Paris
Réservoir Montsouris (Eau de Paris)
sources et distribution (Eau de Paris)
Aujourd’hui, 48 sources réparties autour de Paris fournissent 50% de l’alimentation générale, le reste provenant des eaux de la Seine et de la Marne. Alors que la consommation moyenne d’un parisien à la veille de la Révolution était de 1 à 3 litres par personne et par jour, elle est aujourd’hui de 120 l. pour les seuls ménages (200 l/j en intégrant les consommations collectives : écoles, hôpitaux, voierie, professionnels…).
Eau de Paris est aujourd’hui l’autorité compétente pour la production, le traitement et la distribution de l’eau à Paris.