Les enceintes

Depuis l’Antiquité, Paris n’a cessé de s’étendre, comme un oignon, par superposition de couches… Les enceintes ont profondément marqué l’évolution urbaine de Paris, en particulier dans les dessins concentriques des boulevards :

  • les grands boulevards, construits à la place de l’enceinte de Charles V et de son extension Louis XIII,
  • les boulevards extérieurs, construits à la place du mur des Fermiers généraux,
  • les boulevards des Maréchaux, construits sur le chemin de ronde de l’enceinte de Thiers,
  • le boulevard périphérique, construit à l’extérieur des boulevards des Maréchaux.

Si les enceintes ont rythmé la croissance de la capitale, elles ont laissé peu de traces.

enceintes   source : parisbalades.com

    • La première enceinte gallo-romaine, sur l’île de la Cité (voir évocation rue de la Colombe) n’a pas résisté au temps.
    • Afin de protéger sa capitale d’une éventuelle attaque anglaise,  Philippe-Auguste fait construire – avant son départ en croisade – une enceinte de 3 kms environ, de 1180 à 1210. C’est une œuvre défensive, dont certains pans sont toujours visibles ; elle est à l’origine du Louvre – une tour depuis laquelle on tendait des chaînes d’une rive à l’autre, pour barrer l’accès par le fleuve.

mur d’enceinte de Philippe Auguste    enceinte Philippe Auguste ; abside St Paul et lycée Charlemagne

    • Au XIVème siècle, la ville marchande (rive droite) se développe malgré la Guerre de Cent Ans ; la construction d’une nouvelle enceinte devient nécessaire pour protéger la ville. Le prévôt Etienne Marcel fait creuser un large fossé à plusieurs centaines de mètres de l’ancien rempart. Sur ces fossés, Charles V décide l’édification d’une nouvelle enceinte défendue par la forteresse de la Bastille à l’Est.
  • En raison des guerres – tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du royaume – Louis XIII élargit la muraille sur la rive droite vers le nord-ouest : l’enceinte des Fossés jaunes (d’après la couleur du limon), incorporant les Tuileries.

Louis XIV ayant repoussé les frontières du royaume, il fait raser les fortifications de Paris, remplacées par un large boulevard de 36 mètres : le Nouveau Cours (futurs Grands Boulevards). Le boulevard du Temple est construit à l’emplacement des fossés de l’enceinte de Charles V, tandis que les boulevards Beaumarchais et des Filles-du-Calvaire correspondent à l’emplacement de la digue de l’enceinte (voilà pourquoi le boulevard Beaumarchais est surélevé par rapport aux rues environnantes). Certaines portes fortifiées sont remplacées par des arcs de triomphe : portes Saint-Denis et Saint-Martin.

  • Peu avant la Révolution, le mur des Fermiers généraux est érigé pour percevoir l’octroi – taxe frappant toute marchandise entrant dans Paris – à l’emplacement de nos boulevards extérieurs (lignes 2 et 6 du métro). Très impopulaire (le mur murant Paris rend Paris murmurant), la plupart de ses barrières  – œuvres de Claude Nicolas Ledoux – sont détruites par les révolutionnaires. L’extension de Paris en 1860 absorbera le mur.
    Propylée de Ledoux au parc Montceau Rotonde de la Villette (Ledoux)
    Deux des quatre propylées de Ledoux survivants de la Révolution : Monceau et Villette
  • En 1840, la France est isolée. Craignant une invasion, Thiers fait construire une enceinte militaire englobant Paris et sa couronne de villages. La fortification occupait une bande de terrain de 400 mètres de large (y compris un glacis pour dégager la vue aux défenseurs). Cette zone non aedificandi restera dans la mémoire parisienne comme la zone (elle abrite environ 30 000 personnes au début du XXème siècle – les zonards). Un chemin de fer de ceinture est construit pour alimenter les postes militaires ; les boulevards des Maréchaux remplacent la route militaire en 1861.

En 1860, Paris annexe les communes à l’intérieur de l’enceinte de Thiers, agrégeant les villages en périphérie. Pendant la guerre de 1870, les fortifications se révèlent inefficaces. La ville rachète l’enceinte à l’Etat (la servitude interdisant de construire étant maintenue) ; elle sera détruite entre 1919 et 1929 et remplacée par une première ceinture verte d’équipements sportifs, suivie d’une seconde ceinture d’Habitations Bon Marché en brique. La zone non aedificandi est abrogée en 1953.

La zone (parismetropolitaine.fr) la zone (franciliensdemain.files.wordpress.com)
La « zone » (à gauche, parismetropolitaine et à droite, pss-archi-eu)

  • Ouvert en 1973, le périphérique ceinture Paris sur plus de 35 kms, souvent à l’emplacement des anciennes fortifs.